C’est la fin d’une tradition bien belge au Parlement fédéral. Dès ce jeudi 22 mai, l’alcool est interdit à la cafétéria de la Chambre des représentants. Le Bureau de la Chambre a voté la mesure ce mercredi midi. À partir de maintenant, les députés devront se contenter d’eau, de soda ou de café pendant leurs pauses. Exit la Duvel, le petit verre de rouge ou l’Orval bien fraîche.

Une tradition qui remonte aux années 90

Ce changement marque la fin d’une époque. C’est dans les années 1990 que l’ancien président de la Chambre, Herman De Croo, avait décidé d’autoriser la vente d’alcool à la cafétéria. L’idée, à l’époque, était d’inciter les élus à rester sur place, plutôt que d’aller se désaltérer dans les cafés du quartier.

Et il faut bien le dire : pendant des années, cette cafétéria avait un certain succès. On y trouvait des bières belges réputées, du vin, et même des alcools plus forts. Jusqu’en 2019, les boissons étaient même gratuites, moyennant une cotisation annuelle d’environ 200 euros. Ambiance club privé.

Un signal attendu depuis longtemps

Mais les temps changent. Dans un contexte où l’exemplarité des élus est de plus en plus scrutée, la présence d’alcool dans les couloirs du Parlement faisait tache. Plusieurs voix s’étaient déjà élevées pour réclamer cette interdiction. En février dernier, Bart De Wever, président de la N-VA, avait relancé le débat en appelant à « bannir complètement l’alcool de la Chambre ».

Le message est passé. Le Bureau de la Chambre a approuvé la mesure : dès la séance plénière de ce jeudi, plus une goutte d’alcool ne sera servie.

Des réactions partagées

Si certains applaudissent la décision, d’autres le vivent comme un coup porté à la convivialité parlementaire. Le député Jean-Marie Dedecker n’a pas mâché ses mots : « Parfois, une pinte d’ouvrier est nécessaire pour supporter l’insoutenable légèreté de l’existence parlementaire. » Ambiance.

À l’inverse, plusieurs élus, y compris de la majorité, saluent une décision symbolique qui va dans le bon sens. Un geste qui vise à rapprocher les parlementaires de la réalité de nombreux citoyens pour qui boire un verre sur le lieu de travail est tout simplement impensable.

Une tendance qui s’étend

La Chambre n’est pas la première à franchir le pas. Le Parlement flamand avait déjà supprimé l’alcool de sa cafétéria en 2023. Et la pression monte pour que d’autres institutions suivent le mouvement.

Avec cette décision, la Chambre des représentants souhaite donner l’exemple. Et envoyer un signal clair : à l’heure où la confiance dans les institutions est fragile, chaque geste compte.