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Le pangolin disculpé : une nouvelle étude éclaire les origines du Covid-19 au marché de Wuhan

Quelles sont les véritables origines du Covid-19 ? Cette question, qui a tourmenté scientifiques et gouvernements depuis plus de quatre ans, pourrait enfin avoir des réponses plus claires. Une étude menée par des chercheurs du CNRS, publiée ce 19 septembre 2024, éclaire certains mystères autour du début de la pandémie, notamment en ce qui concerne le rôle des animaux dans la transmission du virus.

Une découverte inattendue

C'est en mars 2023, au milieu de débats animés en France, qu'une découverte scientifique majeure est passée presque inaperçue. Florence Débarre, une chercheuse en biologie évolutive, a dirigé une étude qui apporte des éléments clés pour comprendre l'apparition du SARS-CoV-2 chez l'humain. Cette étude, rendue publique aujourd'hui, montre que c’est dans le marché de Huanan, à Wuhan, que le virus a probablement franchi la barrière entre espèces, infectant l’homme pour la première fois.

Des conditions propices à la transmission

Ce marché, célèbre pour la vente d’animaux sauvages, était le point central de la propagation initiale du virus. Selon les chercheurs, des animaux tels que les chiens viverrins, les civettes, ou encore les porcs-épics étaient vendus dans des conditions d’hygiène douteuses, augmentant ainsi les risques de transmission zoonotique, c'est-à-dire d'un animal à l'homme. Ces animaux, susceptibles de porter des virus, vivaient dans des cages exiguës, facilitant la contamination croisée.

Outre le Covid-19, d'autres virus ont également été identifiés lors des prélèvements effectués sur place, tels que le virus de l’hépatite C ou la grippe aviaire H9N2, tous capables d’infecter l’homme.

Un coupable probable : le chien viverrin

L’un des suspects principaux dans cette chaîne de transmission semble être le chien viverrin, une espèce déjà connue pour être un vecteur potentiel de coronavirus. Selon Florence Débarre, ces animaux peuvent contracter et transmettre le Covid-19, renforçant l'idée qu'ils ont joué un rôle dans le passage du virus à l'homme.

Bien que d’autres animaux, comme les chauves-souris ou les pangolins, aient également été suspectés, aucune trace directe de leur présence sur ce marché au moment des faits n'a été trouvée. Ces espèces pourraient néanmoins avoir joué un rôle en amont dans la chaîne de transmission, avant que le virus n’atteigne le marché de Wuhan.

Un scénario probable

Grâce à l’analyse génétique du virus, les chercheurs ont pu dater l’apparition du patient zéro à Wuhan entre la mi-novembre et la fin du mois de novembre 2019. Ils ont aussi identifié deux lignées distinctes du virus, l’une s’étant éteinte, tandis que l’autre a rapidement pris de l'ampleur pour devenir la souche responsable de la pandémie mondiale.

Cette étude confirme donc que le Covid-19 a très probablement une origine naturelle, issue d’une zoonose survenue dans les premiers jours de décembre 2019. Ce n'est que le 5 janvier 2020 que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mentionnera pour la première fois une "pneumonie de cause inconnue" dans la ville de Wuhan.

La fin de l'hypothèse du laboratoire ?

Bien que l’idée d’une fuite de laboratoire ait été longuement débattue au début de la pandémie, cette nouvelle étude renforce l’hypothèse d’une origine naturelle. Plusieurs agences de renseignement, notamment aux États-Unis, ont également conclu que la théorie zoonotique était "très probable". Selon les experts, il s'agit d'une transmission progressive du virus entre les animaux et les humains, plutôt que d'un accident scientifique.

Des mystères qui subsistent

Cependant, il reste encore des zones d’ombre. Les animaux présents sur le marché de Huanan à la fin de 2019 n'ont jamais été directement testés, et des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement la chaîne exacte de transmission. Certaines espèces exotiques, comme le renard arctique ou le Muntjac de Reeves, pourraient également être impliquées, mais leur rôle dans la propagation reste incertain.

Un regard tourné vers l'avenir

Si cette étude ne permet pas de retracer précisément chaque étape de la propagation du virus, elle constitue une avancée significative dans la compréhension de son origine. Les scientifiques s’accordent sur le fait que la zoonose reste la piste la plus plausible, et que l’hypothèse d’une fuite de laboratoire s’efface progressivement face aux nouvelles données disponibles.

En fin de compte, cette recherche met en lumière l’importance de mieux encadrer les marchés d’animaux sauvages et d’améliorer la surveillance des zoonoses, pour éviter qu'une telle pandémie ne se reproduise à l’avenir.

 
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