En Belgique, l’argent pourrait-il fragiliser les couples ?
Le lien entre argent et stabilité dans les couples continue de susciter l’intérêt des chercheurs, et une récente étude menée par l'Institut national d'études démographiques (Ined) en France révèle un fait étonnant : plus une femme contribue aux revenus du ménage, plus le risque de séparation augmente. Si cette tendance est observée chez nos voisins, qu’en est-il en Belgique ?
En Belgique, où environ 65% des femmes participent au marché du travail, les rôles traditionnels de genre évoluent de plus en plus. Cependant, comme en France, la question de la répartition des revenus dans le couple semble influencer la stabilité des relations. L'étude française, qui s’appuie sur les données de près d’un million de couples, montre que lorsque la femme apporte plus de 55% du revenu du ménage, le risque de séparation est nettement plus élevé. En effet, les couples dans cette configuration présentent un risque de séparation supérieur de 11 à 40% par rapport aux couples où les revenus sont égaux.
La situation en Belgique
La situation en Belgique pourrait être similaire, où les mentalités restent parfois ancrées dans des normes traditionnelles. Selon Statbel, environ 23% des ménages belges voient la femme comme la principale pourvoyeuse de revenus. Pourtant, malgré les progrès en matière d'égalité des genres, il semble que cette répartition des rôles puisse encore causer des tensions.
En Belgique, les couples où la femme gagne davantage sont souvent perçus différemment. Dans une étude de l’Université de Louvain, près de 30% des répondants affirment que cette situation crée un déséquilibre perçu au sein du couple, principalement chez les hommes, qui pourraient se sentir moins valorisés. Cela peut conduire à des tensions non seulement financières, mais aussi émotionnelles et psychologiques.
Pourquoi un tel phénomène ?
Les chercheurs estiment que ce phénomène est lié à la difficulté de dévier des normes sociales traditionnelles. En effet, bien que l’égalité des genres progresse en Belgique, la société reste encore attachée à l'idée que l'homme doit être le principal pourvoyeur de ressources. Cette pression culturelle peut peser sur les hommes et créer un malaise au sein du couple, surtout lorsqu'ils gagnent moins que leur conjointe.
De plus, le fait que l’homme ne soit pas le principal contributeur peut engendrer un sentiment d'inconfort ou d’insécurité dans la relation, tant du côté masculin que féminin. Ce déséquilibre perçu pourrait être plus accentué chez les couples belges avec des revenus plus modestes, où la dépendance financière à un seul partenaire peut générer des tensions.
Un nouvel équilibre à trouver
Toutefois, tout n'est pas sombre. En Belgique, les mentalités évoluent et les couples modernes tendent à privilégier l'égalité. Selon l'Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, 52% des couples belges estiment que les revenus égaux dans le ménage sont un facteur de stabilité. Les jeunes générations, en particulier, sont moins attachées aux rôles traditionnels et cherchent à établir un véritable partenariat financier.
En conclusion, même si les femmes belges gagnent de plus en plus, il semble que l’évolution vers un équilibre égalitaire soit encore en cours. Les couples belges, tout comme leurs voisins français, doivent apprendre à naviguer dans cette nouvelle répartition des rôles, tout en surmontant les normes sociales et les attentes qui pèsent encore sur les relations modernes.