
Vers une pilule contraceptive sans hormones, à prendre une fois par semaine ? Une avancée qui interroge
Et si une nouvelle méthode contraceptive révolutionnait bientôt la vie de milliers de femmes ? Aux Pays-Bas, des chercheurs travaillent sur une pilule non hormonale, à prendre une seule fois par semaine, basée sur le mifépristone. Ce médicament, déjà connu dans le cadre de l’interruption volontaire de grossesse, pourrait-il devenir une alternative fiable à la pilule traditionnelle ? Rien n’est encore certain, mais les tests se multiplient.
Un ras-le-bol des hormones
La pilule hormonale fête ses 65 ans, mais elle séduit de moins en moins. En Belgique, selon la Mutualité chrétienne, le nombre de jeunes filles mineures qui y ont recours a chuté de 13 % en dix ans. Sur les réseaux, le rejet des hormones est de plus en plus visible. Troubles de l’humeur, migraines, anxiété… beaucoup de femmes pointent les effets secondaires indésirables.
Une piste prometteuse venue des Pays-Bas
C’est dans ce contexte qu’un nouveau projet attire l’attention : une pilule hebdomadaire à base de mifépristone, une substance qui bloque l’action de la progestérone. En théorie, cela empêche la préparation de l’utérus à une éventuelle grossesse. Une seule prise par semaine suffirait, selon l’équipe néerlandaise du centre médical de l’université de Leiden.
Et contrairement à la pilule classique, pas besoin d’être rigoureuse sur l’heure exacte de la prise. Un oubli d’un jour ne compromettrait pas l’efficacité, qui est estimée entre 99,5 et 99,9 %.
Efficace, oui. Mais sans risques ?
Les premiers tests indiquent que cette pilule pourrait convenir à des femmes ne pouvant pas prendre d’hormones, notamment en cas de risque de thrombose ou d’antécédents familiaux de cancer du sein. Mais les effets à long terme restent flous.
Certaines spécialistes appellent à la prudence. Le mifépristone agit aussi sur d’autres fonctions du corps : régulation du stress, humeur, douleur… Il modifie la manière dont le corps perçoit le cortisol, ce qui pourrait, à terme, perturber l’équilibre hormonal général. Et qu’en est-il après plusieurs années d’utilisation ? Aucune étude ne permet encore de le dire.
Une pilule abortive détournée ?
Une autre inquiétude soulevée par des médecins belges : le risque d’usage détourné. Puisque le mifépristone est utilisé dans les avortements médicamenteux à plus forte dose, une mauvaise utilisation de cette pilule contraceptive pourrait poser des problèmes éthiques et médicaux.
Un médicament, pas encore une solution
Le projet néerlandais est encore en phase de recherche. Une campagne de crowdfunding a permis de récolter près de 200.000 euros, mais l’étude complète nécessite plus d’un million. L’objectif : recruter 1.200 femmes volontaires pour tester la pilule pendant un an, tout en observant leur santé physique et mentale.
En résumé, cette nouvelle pilule pourrait bien répondre aux attentes de nombreuses femmes en quête d’une contraception plus douce. Mais la prudence reste de mise. Avant d’être commercialisée, elle devra faire ses preuves… et lever plusieurs zones d’ombre.