Des hôtels, campings ou restaurants qui affichent clairement la couleur : « No kids », autrement dit interdits aux enfants. Ce phénomène venu tout droit des pays anglo-saxons — et qui commence à s’ancrer aussi en France — provoque un véritable débat de société. Et chez nous en Belgique ? Devrait-on s’en inquiéter ?
Des lieux « adults only » de plus en plus visibles
Dans plusieurs pays européens, les établissements réservés aux adultes ne sont plus rares. Ambiance calme, repos assuré, sans cris ni biberons à l’horizon. Pour certains vacanciers, c’est le luxe absolu. Pour d’autres, c’est tout simplement une forme d’exclusion. En France, le phénomène reste encore marginal (environ 3 % de l’offre touristique), mais suscite déjà des réactions politiques.
La Haute commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry, a même convoqué ce mardi une table ronde avec les acteurs du secteur touristique, afin de débattre de ces offres qui, selon elle, participent à « invisibiliser » les enfants. « Je suis assez effrayée par ce mouvement », a-t-elle déclaré récemment, pointant du doigt une société qui privilégie « le confort des adultes au détriment du bien-être des plus jeunes ».
Et en Belgique ?
Chez nous, peu d’établissements affichent ouvertement le label « no kids », mais les offres dites adults only existent bel et bien, surtout du côté des hôtels wellness ou de certains gîtes de charme. Officiellement, aucun texte de loi n’encadre ces pratiques. Et jusqu’à présent, aucune voix politique n’a élevé le ton comme en France.
Mais la question mérite d’être posée : l’interdiction des enfants dans certains lieux est-elle un choix commercial ou une forme de discrimination déguisée ? En Belgique, la réponse pourrait bien diviser. D’un côté, certains parents comprennent qu'on puisse rechercher le calme. De l’autre, des défenseurs de l’enfance dénoncent une forme de rejet.
Une société sans enfants ?
Le débat, au fond, dépasse la simple question touristique. Ce qu’il révèle, c’est la place qu’on accorde (ou non) aux enfants dans l’espace public. En France, une sénatrice a même déposé une proposition de loi pour faire de l’âge un facteur possible de discrimination.
Chez nous aussi, les familles dénoncent parfois une société de plus en plus intolérante face aux enfants jugés « trop bruyants », « trop remuants », voire carrément « dérangeants » dans les lieux publics. Mais jusqu'où ira-t-on ? Faudra-t-il demain afficher un âge limite pour entrer dans un restaurant ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Faut-il légiférer pour protéger la place des enfants dans l’espace public et touristique ? Ou laisser chaque établissement libre de choisir son ambiance ? Le débat est lancé, et il ne fait que commencer.